Dans son livre « La Vie Faite à la Main », à la page 307, Anne Marie Jobin nous parle de l’exploration de nos créations.
"Une autre façon d’approfondir la démarche proposée dans ce livre est d’apprivoiser le monde de ses créations en entrant en communication avec elles. Ce lien que l’on cultive avec ses créations est une façon d’être en contact avec l’inconscient, l’imaginaire, le plus vaste. Cette exploration ouvre donc des portes sur des sentiers fascinants, susceptibles de nourrir et stimuler la créativité. Il y a cependant certains pièges à éviter quand on s’aventure sans carte sur ces sentiers, et c’est pour cette raison que je vous offre ici certains principes de base qui pourront vous guider.
Rappelons nous tout d’abord, tel qu’expliqué sous le pouvoir de l’art (page 49), que les créations peuvent servir de miroir, de support à une exploration du monde intérieur. Tout comme les rêves nocturnes, elles portent des messages. Les amener au conscient et faire des liens avec la vie concrète est d’une richesse indéniable. Le problème est que ce matériel, venant du monde vaste et mystérieux des profondeurs, est énigmatique et évanescent. Pour en capter les messages, il faut prendre le temps d’entrer en communication avec la création, plutôt que d’essayer d’y coller des interprétations.
Shaun McNiff, un art-thérapeute américain, dit que l’obsession à trouver le sens des créations bloque la capacité à voir vraiment ce que l’on a devant les yeux. Il écrit que l’interprétation des images devrait se vivre davantage comme une méditation que comme un exercice exploratoire. Chaque expression créatrice portant une énergie particulière, il faut d’abord la laisser nous toucher pour lui donner la chance de se faire entendre. En d’autres mots, il faut s’ouvrir aux qualités expressives des créations plutôt que de tenter de les expliquer. Comme l’aurait dit Carl Jung, quand on essaie d’expliquer ce qui est mystérieux, l’oiseau s’envole.
Une autre des choses fondamentales à considérer quand on explore une création, c’est que c’est la personne qui l’a faite qui en détient les clés. Aucun expert et aucun livre ne peut savoir exactement ce que veut dire l’œuvre d’un autre. Aucun dictionnaire de symboles ne peut faire le travail à notre place. Cela ne signifie pas que le regard extérieur ne peut être utile, mais plutôt qu’il faut toujours revenir au créateur pour voir si les pistes suggérées par l’extérieur résonnent avec son expérience intérieure. C’est cette résonnance, ce mouvement interne subtil d’acquiescement qui détermine si le langage de l’œuvre s’est fait entendre. Un symbole ou une couleur ne pourront jamais vouloir dire la même chose pour tout le monde en tout temps. Il faut que le créateur y relie son expérience pour en décoder le sens. Ce serait évidemment plus facile de recevoir une interprétation claire et directe par un expert que de faire ce long travail d’exploration, mais cela ne rendrait pas justice à la richesse de la création."
Je vous donne la suite très intéressante de ce paragraphe dans mon prochain article qui s’intitulera : comment procéder pour explorer le sens d’une création ?
Bonne exploration de vos créations!
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