vendredi 26 octobre 2012

CERVEAU DROIT, CERVEAU GAUCHE

Dans "le nouveau journal créatif " au chapitre 4, Anne Marie Jobin nous parle des caractéristiques de l’outil "journal créatif" et ce chapitre est vraiment très intéressant pour comprendre comment et pourquoi cette technique nous permet d’avoir accès à ce qu’elle appelle « le plus vaste » et que j’appelle souvent « l’inconscient ».

Dans ce chapitre, il y a un paragraphe en particulier que j’aime beaucoup sur le mode intuitif et qui nous explique très bien de quelle manière nous avons accès à celui-ci dans le journal. Voici ce qu’elle écrit :

"Une autre caractéristique importante du travail du journal est la préséance du mode de pensée intuitif sur le mode de pensée rationnel. Il semble en effet que le langage des profondeurs soit plus prés de la pensée intuitive, qui a davantage une vue d’ensemble et fait des liens innovateurs, entre autres. Puisque, dans notre culture, le côté rationnel est plus développé, nous devons trouver des façons de stimuler le coté intuitif pour faciliter l’accès au plus vaste. Comme cela est l’objectif de base du journal créatif et que plusieurs techniques s’appuient sur cette idée, j’ai pensé vous présenter un bref aperçu de certaines recherches ayant donné naissance à des approches visant à développer le mode intuitif.

Ce sont les recherches sur les fonctions de chaque hémisphère du cerveau qui ont ouverts la voie à ces approches. C’est à la fin des années 1950 qu’un psychobiologiste, Robert Sperry, a bâti la théorie selon laquelle chacun des hémisphères a des fonctions spécifiques et contrôle le coté opposé du corps. Il a démontré que l’hémisphère gauche contrôlait le langage, était analytique, rationnel, linéaire et logique, tandis que le droit était le siège du monde visuel et spatial, du non-verbal, de l’expression émotionnelle et de l’intuition. Avec le temps cependant, d’autres chercheurs ont constaté beaucoup de variations dans la localisation de ces fonctions dans les deux hémisphères. On s’est mis à parler de mode de pensée plutôt que de localisation dans le cerveau, le mode droit étant plus intuitif et englobant et le mode gauche, plus rationnel et analytique.

L’enseignement du dessin grâce au cerveau droit (Dessiner grâce au cerveau droit de Betty Edwards, édition Pierre Mardaga) est une approche intéressante qui a découlé de ces recherches. Betty Edwards, professeur d’arts californienne, soutenait que si un individu peut apprendre à écrire, il peut aussi apprendre à reproduire les choses qu’il voit. Dans les années 1970, elle a trouvé une façon d’enseigner le dessin dans laquelle les exercices visaient à court-circuiter le mode rationnel afin que les étudiants « voient » vraiment l’objet en face d’eux plutôt que d’y penser à partir de concepts. Cela a fonctionné… et porté un sérieux coup au mythe du talent : en seulement 36 heures de cours, la plupart des étudiants passaient d’un style naïf à une reproduction complexe incluant la perspective et les ombres.

A peu prés à la même époque et aussi en Californie, l’art-thérapeute Lucia Capacchione s’est penchée quant à elle sur l’utilisation de la main non dominante pour écrire ou dessiner (Le pouvoir de votre autre main de Lucia Capacchione, édition Médicis). Elle a constaté que, quand les droitiers utilisaient leur main gauche et les gauchers leur main droite, ils avaient tout à coup accès a de nouvelles informations, comme si la main non dominante savait des choses que l’autre ne savait pas. Il lui semblait que l’autre main faisait place à une autre voix, qu’elle permettait l’émergence, entre autres, d’émotions enfouies ou moins conscientes. Capacchione en est venue à considérer la main non dominante comme un instrument privilégié pour entrer en contact avec l’enfant en soi, ce qui lui a inspiré un autre livre (Faites vivre votre enfant intérieur de Lucia capacchione, édition Stanké).

Dans le journal créatif, toutes ces recherches se traduisent par des façons de travailler qui visent à déjouer le mode de pensée rationnel pour aller chercher une information moins fragmentée et plus organique. J’utilise tant la terminologie "mode intuitif" que "mode droit", et cela se traduit dans le journal notamment par le fait de travailler "sans réfléchir", d’écrire rapidement, d’utiliser l’autre main ou de faire les choses de façon inhabituelle. En fait, la simple utilisation des arts va automatiquement chercher l’apport du mode droit, puisque les arts graphiques sont un langage non verbal.

Tout au long de ce livre, vous serez encouragé à court-circuiter temporairement votre rationnel pour avoir davantage accès à vos ressentis et à vos intuitions. Rappelez-vous cependant qu’il ne s’agit pas d’éliminer le mode rationnel, qui est aussi essentiel à votre bon fonctionnement que le mode intuitif, mais de ramener l’équilibre en favorisant ce dernier, qui est en général moins développé dans notre culture. Evidemment, c’est votre être entier qui doit être impliqué dans le processus et l’idéal est de combiner les deux modes quand vous travaillez. Utilisez le mode intuitif pour dégager l’accès au plus vaste et pour donner voix à ce qui s’y trouve, puis le mode rationnel pour concrétiser vos visions les plus profondes, pour les mettre au monde."

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